À la recherche du temps perdu

Je vous invite à suivre les péripéties de mes folles aventures à travers le monde... Un billet aller-simple pour Paris le 1er juillet... Date de retour inconnue!!!

jeudi 28 janvier 2010

En pays Toraja... aux funerailles


On dit que la "saison" des funérailles est de juin à septembre dans les livres. Ce n'est pas tout à fait vrai. Tous les jours, on m'accoste pour me demander si je suis interessé d'en voir. Ils disent tous la même chose : "Venez aujourdhui, c'est la meilleure journée. C'est gros en plus, sinon on ne sait pas s'il y en aura d'autres". Je m'étais aussi informé à savoir si c'était "correct" qu'un touriste y assiste en expliquant qu'au Canada, ça ne se fait pas. Encore une fois, on m'a tous dit la même chose : "Ce n'est pas pareil ici, ici c'est une fête". Voici comment se déroule la mort d'une personne...

Quand le villageois décède, les toraja ne considèrent pas qu'il est mort. Ils considèrent que la personne est malade. Alors, pour qu'elle puisse rejoindre le paradis, ils doivent utiliser des buffles qui sont considérés comme un animal sacré. L'âme des buffles va amener l'âme de la personne malade au paradis. Plus il y a de buffles, plus il y a de chances qu'elle atteigne le paradis. Comme je l'ai déjà dit, un buffle coûte extrêmement cher ici. En fait, la vie d'un buffle se résume à être utilisé lors de funérailles. On ne tue pas un buffle pour le manger, bien trop cher. On utilise aussi des cochons qui ont, supposément, la même utilité (c'est ce que mon guide m'a dit, mais je doute...). Donc, afin de ramasser le plus de buffles possible, la famille peut attendre plusieurs années avant de faire les funérailles. La personne était décédée depuis 17 mois à celle où j'ai assisté. Pour garder les odeurs, ils vident le corps et le remplissent de formaldehyde et le gardent dans la maison. Par contre, il y a très longtemps, il ne faisait que vider le corps et une odeur nauséabonde se propageait dans la maison. Mais ce n'est pas grave, puisque c'est pour le bien de la personne malade... aller au paradis.

Donc, la cérémonie dure environ 4 jours et peut même aller jusqu'a 7 jours pour les personnes vraiment riches. Celle où je suis allé était de grosseur moyenne et durait 4 jours. La première journée est une journée réservée à la famille où n'est sacrifié qu'un seul buffle... en lui tranchant la gorge.

La deuxième journée, celle à laquelle j'ai assisté, est la réception des invités. Encore une fois, plus il y a de monde, mieux c'est puisqu'on donne des cadeaux à la famille et certains des cadeaux sont des cochons et des buffles. Plus il y a de buffles, mieux c'est. C'est pourquoi tout le monde peut venir puisqu'une famille seule ne serait jamais capable de payer tous ces animaux. C'est aussi la journée où l'on sacrifie tous les cochons... 70 pour celle où j'étais. Tout est très bien organisé, il y a des espèces d'estrades avec des numéros. Il y a un prêtre avec un micro qui parle en toraja. À chaque invité (famille invitée par la famille du défunt) qui arrive, ils placent les cochons bien attachés à des bambous et les buffles en plein milieu. La famille vient les regarder puis notent tout. Tous les cadeaux puisque si jamais cette même famille les invite à leur funérailles, il faut qu'elle donne au moins la même chose. Alors, il y une dame qui prend des photos et note la grosseur. Je vous rappelle qu'ils ont un vocabulaire très développé pour différencier des cochons et des buffles qui, pour nous, sont pareils. Pendant ce temps, le prêtre au micro nomme les personnes qui ont donné les cadeaux. Puis, on enlève les animaux (voir video1) et un coup de gong est donné. La famille invitée rentre et se place à un endroit bien précis. Le prêtre annonce leur bienvenue d'une façon très énergique (voir video2... quand internet va être plus rapide!!!!). On dirait un gourou. La famille du défunt lui amène cigarettes, pour les hommes, et bittle nuts pour les femmes (aucune idee c'est quoi, mon guide m'a juste dit que quand on en prend beaucoup, on rit beaucoup...). Puis, deux coups de gong, la famille invitée redescend et va se placer dans les estrades pour laisser place aux autres invités. En tout, environ 300 à 500 personnes étaient invitées. Je savais que ce n'était pas la journée des sacrifices des buffles, mais je me demandais bien quand il allait tuer les cochons. J'ai vite compris quand on est sorti des estrades. C'est en les sortant qu'ils les tuent, d'un coup de couteau au coeur. Puis, ils les mettent dans un feu pour brûler les poils, les découpent en morceaux après les avoir vidés (apparemment que l'estomac explose s'il est chauffé...) puis ils sont cuits dans du bambou. J'y ai goûté, c'est du Pa'Piong, le goût ressemble au foie mariné dans du sang qui ne semble par être bien cuit. J'ai déjà vu mieux comme plat. Avec cela, un bon verre d'alcool local fait à base de palmier. L'alcool n'est pas meilleur que le Pa'Piong au cochon d'après moi. Je sais que le Pa'Piong est excellent. Par contre, peut-être pas avec du cochon que tu as vu 2 minutes avant et que tu manges avec la peau. De plus, le stress qu'ils infligent au cochon est énorme... La viande n'est pas trop tendre.


La troisième journée est la journée des sacrifices de buffles. Une vingtaine seront sacrifiés aux funérailles à laquelles j'ai assisté. Faites le calcul, j'ai vu 3-4 buffles à 100 millions de roupiahs et le reste à 30 milions. Ça fait quand même 80 000$ environ!! Une fortune ici. Ça fait un peu mon affaire de ne pas avoir vu cette journée. Qui est tenté de voir un buffle se faire trancher la gorge, rester debout pendant environ 1 minute à pisser le sang par le cou, trembler de tous ses membres, puis s'écrouler par terre ? 20 fois en plus....

La quatrième journée est le transport du corps au cimetière. Quand je dis cimetière, c'est très différent de ceux que l'on connaît. En fait, les cimetières sont dans une grosse roche. On sculpte pendant 6 mois à l'intérieur pour faire une espèce de chambre. Puis, toute la famille va être déposée à cet endroit. Si la famille est très très riche, on y déposera un tau-tau. C'est une espèce de statue sculptée dans du bois de jack fruit (un dérivé du durian). Apparemment qu'il n'y a qu'environ 5 personnes qui sont capables de sculpter les tau-tau. Très dispendieux, pour la haute classe seulement. Les tau-tau ressemblent au defunt et sont placés juste devant la roche.

Maintenant, vous vous demandez peut-être quel cadeau j'ai offert ? On conseille d'offrir des cigarettes puisque la famille en a besoin pour les offrir aux invités. J'avais le choix entre des cigarettes à 80 000 ou un cochon à 1.5 million... Le choix était facile.

Vous vous demandez peut-être aussi ce qu'ils font avec les bébés puisqu'ils disent qui'ls n'ont pas d'âme avant d'avoir des dents. Les buffles ne servent donc à rien. Eh bien, si un enfant meurt avant d'avoir fait ses dents, eh bien il sera placé dans un arbre pour que l'arbre grandisse et amène le bébé au paradis. Puis, le trou se referme de lui-même. Ils sont fous ces toraja...

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